Fiche de film (vierge - complète)

Notre critique

Publiée le 10 août 2016

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et près de dix ans après la sortie de Bambi, dernier film du premier âge d'Or des studios à la souris, Walt Disney renoue avec le traditionnel long-métrage d'animation, mettant ainsi de côté les compilations de courts et moyens-métrages qui composèrent les années 1940. Fort du succès du Chef-d'Œuvre originel Blanche Neige et les sept Nains, Disney adaptera une nouvelle fois un conte de fées bien connu et en fera une adaptation animée incomparable : Cendrillon. Dès 1950, le Chef-d'Œuvre Cendrillon marquera un nouvel âge d'Or des studios, et ce jusqu'au décès de Walt Disney en 1966.

Bien connu pour les versions de Charles Perrault écrite au XVIIème siècle, puis des frères Grimm au XIXème siècle, le conte de Cendrillon tire néanmoins ses origines de la tradition orale. Il n'existerait pas moins de plusieurs centaines de versions du récit à travers les époques et les continents. Lorsque Walt Disney décide alors de créer sa propre version animée du conte, il préférera se pencher sur la version française de Perrault, Cendrillon ou la petite Pantoufle de Verre, publiée en 1697. En effet, l'auteur français rédigea une version plus féerique de l'histoire que celle proposée par les frères Grimm au début du XIXème siècle qui mettait davantage en avant une héroïne pieuse et une fin plus sombre. Disney fera donc une adaptation plus ou moins libre de l'œuvre original, gardant ainsi l'essentiel l'histoire mais en modifiant certains éléments, comme sa fin entre autres.

Cendrillon, jeune orpheline, vit avec sa Marâtre et ses deux belles-sœurs dont elle est la bonne à tout faire. Le jour où le Roi décide d'organiser un bal pour son fils dans le but de lui trouver une épouse et d'assurer sa descendance, Cendrillon pourra compter sur ses amis animaux et sur sa Marraine la bonne Fée pour y assister. L'histoire racontée par Disney reprend la base de celle narrée par Perrault (le bal, la bonne Fée, et jusqu'au prénom des sœurs de Cendrillon, Javotte et Anastasie), ou bien modifie certains éléments déjà présents (tel que le bal, il n'y a en effet qu'un seul bal chez Disney contre deux chez Perrault; ou encore le rôle du Roi quasi-inéxistant chez Perrault, plus important et comique chez Disney). Mais que serait ce Chef-d'Œuvre incontournable sans la signature "Walt Disney" ? Sont alors ajoutés de nouveaux éléments encore inédits dans les versions déjà connues du conte : les souris Jaq et Gus et le chat Lucifer ajoutent au film la touche comique qui était déjà présente dans les précédents longs-métrages des studios et qui le sera encore près d'un demi-siècle plus tard. Les confrontations animales viennent alors se greffer aux animosités humaines, et vice versa, ce qui donnera une finalité sentimentale et forte, mais comique à l'œuvre.

D'un point de vue visuel, le rendu final est excellent (de même que pour les travaux préliminaires d'ailleurs). La situation critique dans laquelle se trouve alors les studios à la fin des années 1940 n'affecte en aucun cas le travail des artistes, bien au contraire. Le design des personnages est maîtrisé à la perfection et colle parfaitement avec leur caractère, ce qu'il leur donne davantage un aspect humain et réaliste. Pour accentuer davantage leur réalisme, des prises de vue avec de véritables acteurs, avaient eu lieu lors de la production du film, ceci dans le but, non seulement, d'avoir un modèle physique pour ces personnages, mais aussi, et surtout, pour calquer et reproduire en animation le gestuel des acteurs (c'est ce qu'on appelle la technique de rotoscopie). Les héros possèdent donc, une fois le long-métrage achevé, une image parfaite et un mouvement qui l'est tout autant. Pour ce qui est des décors, le style de Mary Blair, directrice artistique du film, est bien présent. L'environnement de chaque scène est féérique, reflète parfaitement l'esprit du conte de fées, et créé un contraste avec le réalisme des personnages. La palette de couleurs est utilisée sans modération de sorte à présenter aux spectateurs un univers vivant, et non terne. Le jeu de lumières est également très bien exploité et accentue davantage la beauté des décors, des personnages et des couleurs utilisée (surtout durant le bal lorsque dansent Cendrillon et le Prince, ou encore lors de la scène de "Chante doux Rossignol" où Cendrillon se reflète dans des bulles de savon très colorées, ce qui en fait l'une des plus belles scènes du film).

La bande son de Cendrillon se révèle également être une merveille. La bande originale est très soignée et passe facilement de l'air romantique et doux (principalement "Chante doux Rossignol" et "Bonjour l'amour") à celui plus rythmé ("Bibbidi-Bobbidi-Boo", "Les Harpies" ou encore la reprise de "Tendre Rêve" par les souris). Chaque mélodie, chantée ou non, colle parfaitement à la scène à laquelle elle est associée. Qui pourrait ainsi dire qu'il n'a jamais fredonné un air de Cendrillon ? Cela relève bien de la qualité remarquable de la composition musicale de l'œuvre. Pour ce qui est du doublage du film, il en a connu deux depuis sa sortie : l'original de 1950 et le second de 1991. Le doublage de 1991 (pour ne connaître et donc n'analyser que celui-ci) est, encore aujourd'hui, le plus connu, celui de 1950 n'étant plus trouvable de nos jours et donc inévitablement oublié. Dominique Poulain, voix française de Cendrillon depuis 1991, est donc devenue indissociable du personnage devenu mythique chez Disney.

Cendrillon, douzième Classique d'animation, est une pure merveille des studios Disney. Les personnages sont vivants et réalistes, acteurs de qualité dans des scènes parfaites, magnifiés par une animation exceptionnelle, une palette de couleurs très bien exploitée et une bande-son merveilleuse. Il se qualifie alors aisément comme un Chef-d'Œuvre d'animation Disney, l'un des plus beaux d'ailleurs, et se hisse au niveau de Blanche Neige et les sept Nains. Walt Disney, malgré les difficultés dans laquelle se trouvait les studios à la fin des années 1940, a su créer un véritable bijou d'animation, l'adaptation incomparable de l'œuvre de Charles Perrault.